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Type de textesource
TitreExplanationes in Rhetoricam M. Tullii Ciceronis
AuteursVictorinus Afer, Gaius Marius
Date de rédaction300:400
Date de publication originale
Titre traduit
Auteurs de la traduction
Date de traduction
Date d'édition moderne ou de réédition2006
Editeur moderneIppolito, Antonella
Date de reprintTurnhout, Brepols, Corpus Christianorum. Series Latina CXXXII

, p. 146-147

Hic, ad quod ducitur praefatio, illud est, ex multis artium scriptoribus electa multa et ad unam quam scripsit artem, quo pulchrior redderetur, praecepta ex multis multa collecta. Huic igitur rei praefatio illa est, Zeuxin, pictorem nobilem, Helenae simulacrum pinxisse, sed cum conductis et in unum uocatis quinque virginibus quidquid esset pulcherrimum delegisset. Hoc, ut perspici licet, in summa conuenit, quia hic et ille multa de multis. Verum praefert Tullius opus suum, quod magis multa ipse, si quidem praeteriti temporis scriptores et praesentis in iudicio habuit, et non unius ciuitatis nec unius linguae, quippe cum et Graecos et Latinos ; at uero Zeuxis ex una ciuitate et ipsius temporis eligendi habuit facultatem.

Crotoniatae qvondam cvm florerent. Si partibus conductis tota conueniunt, pulchra semper et praecipua dicetur esse prefatio. Crotoniatae Romani sunt ; cum florerent omnibus copiis Romanis conuenit : item conuenit et in Italia cum primis beati numerarentur. Iunonis uero templum, quod locupletare egregiis picturis uoluerunt : sic et eloquentiae uel facundiae templum. Zeuxis Tullius. Cum multa dicendi genera sint, ut inter picturas multas Helena, ita inter ceteras dictiones eminet semper oratoria, et ut Zeuxis in femineis pingendis uultibus summus, ita in orationibus Tullius. Pinxit Zeuxis multa, quae usque ad nostram memoriam manent: saecula posteriora tenent, quidquid pinxit oratio Tulliana. Zeuxis Helenae se simulacrum pingere uelle dixit ; non enim Helenam, sed simulacrum fuerat traditurus. Ita Tullius scribendo artes, non orationes, non ipsam eloquentiam, sed simulacrum eloquentiae fuerat traditurus. Huic conuenit et illa sententia : quod ex animali exemplo mutum in simulacrum ueritas transferebatur. Mutum enim simulacrum eloquentiae ars eius, ipsa autem eloquentia quasi animal. Ita pro parte poterit ei rei, ad quam confertur praefatio, conuenire, relicto eo, quod postea praeponitur, quod, cum Tullius ex omnibus multa quaesierit et omni tempore, Zeuxis ex una ciuitate et uno tempore conparauit.

Dans :Zeuxis, Hélène et les cinq vierges de Crotone(Lien)

Toute cette introduction est une sorte de comparaison pour ce qui sera dit plus loin [...] Ce à quoi tend l’introduction, c’est à montrer que beaucoup de choses ont été choisies dans beaucoup d’auteurs de traités, et que, rien que pour un des traités que Cicéron écrivit, ont été rassemblés, afin de le rendre plus beau, de nombreux préceptes tirés de nombreuses sources. Pour cela, l’introduction traite donc du noble peintre Zeuxis qui peignit un simulacre d’Hélène, mais cela seulement après que cinq jeunes filles ayant été conduites et rassemblées dans un même lieu, il eut choisi tout ce qu’elles avaient de plus beau. Comme on peut le remarquer, cela convient bien dans l’ensemble, parce que l’orateur et le peintre ont beaucoup emprunté à beaucoup, mais Cicéron donne l’avantage à sa propre œuvre parce qu’il a emprunté plus de choses, dans la mesure où il a pris en considération les auteurs du temps passé et présent, et non ceux d’une seule cité ou d’une seule langue, puisqu’il englobe les Grecs et les Latins, tandis que Zeuxis n’a eu le moyen de choisir que dans une seule cité et à sa propre époque. Si de la confrontation de ses parties il ressort que toute convient dans la comparaison, on considérera que c’est là une belle introduction. Ainsi, « les Crotoniates » sont les Romains, puisque l’expression « comme les Crotoniates étaient florissants en ressources de toutes sortes » convient aux Romains, de même que « et qu’on les comptait parmi les peuples les plus heureux en Italie ». Quant au « temple de Junon qu’ils voulaient enrichir de peintures sans pareilles », il correspond au temple de l’éloquence et du beau parler. « Zeuxis », c’est Cicéron. Alors qu’il y a de nombreuses façons de parler, de même qu’Hélène domine parmi de nombreux tableaux, de même l’art oratoire domine toujours parmi toutes les autres formes de parole, et, de même que Zeuxis n’avait pas son pareil pour preindre les visages de femmes, de même Cicéron pour les discours. Zeuxis peignit beaucoup de tableaux dont le souvenir s’est transmis jusqu’à nous ; les siècles ultérieurs conservent tout ce qu’a peint le discours de Cicéron. Zeuxis déclara qu’il voulait peindre un simulacre d’Hélène, et ce qu’il entendait transmettre à la postérité, c’était, non pas Hélène, mais son simulacre ; de même Cicéron, quand il écrivait des traités, entendait transmettre, non pas des discours, ni l’éloquence elle-même, mais un simulacre de l’éloquence. À cela convient également l’expression « à partir d’un modèle animé, faire passer la vérité dans un simulacre muet ». Un traité sur l’éloquence est en effet un simulacre muet de celle-ci, alors que l’éloquence est en elle-même une sorte d’être animé. Ainsi donc, l’introduction pourra convenir en partie à la chose à laquelle elle est comparée ; la seule différence, qui est exposée plus loin, c’est que, alors que Cicéron va chercher beaucoup de choses dans tous les pays et à toute époque, Zeuxis compara beaucoup de choses dans une seule cité et à une seule époque.